Tectonique de l’aube, de Jean-Claude Goiri (Ed.Tarmac)

Tectonique de l’aube peut se lire comme un journal intime, où l’auteur, sous l’hétéronyme de Claude, retrace ses lourds problèmes de santé et établit un plaidoyer pour la vie, pour l’écriture et pour laprésence de l’autre comme des points essentiels pour continuer à exister. Faisant allusion parfois au journal de Charles Juliet,Jean-Claude Goiri ne s’apitoie jamais sur son sort ; au contraire, les textes en prose et les poèmes subliment l’amour et l’importance-discrète, constante, vitale- de cet être aimé dont on parle en majuscules, car on « ne peut comptabiliser son être sans l’Autre ». A chaque page, une émotion intense se dégage dans un « espoir d’inventer le vrai » à travers les mots qui, partant du constat de l’impossibilité d’être seul au monde, proposent une profonde réflexion sur notre capacité à dépasser les ombres. Le poète, virtuose et subtil, nous invite humblement à traiter le langage –notre lien au monde- « dans son plus simple appareil » pour « construire la nécropole de cette monstruosité qui t’agrippe ». Dans ce livre remarquable, les deux personnages principaux débutent leur chemin comme « deux petits traits sur une terre très grande », jusqu'à déboucher sur un dernier poème d’une grande sensualité, de façon à ce que l’ensemble soit lu et relu comme un remerciement ou comme une promesse d’avenir pour se déplacer ensemble sur une Pangée où l’on deviendra un « élément des éléments » grâce à la force tellurique apportée par celle qu’on aime.