mercredi 4 avril 2018

MES POEMES EN FRANCAIS
DANS LA REVUE



LA CLARTE


La clarté consiste parfois à dire ses quatre vérités au monde sans éclaboussures de jade.
J’aimerais faire partie de ceux qui savent renoncer aux métaphores
pour mieux nous fouetter
parler de la peur qui étend ses racines parmi nous
sans avoir besoin d’échafauder une équation maladroite
dire que la paresse nous gagne et que notre révolte est doucement endormie
lovée entre nos quatre coussins Ikea.
Mais parfois j’ai aussi envie de dire
le métal fondu de notre égoïsme nous scelle les paupières
et nous éviscère avec une certaine complaisance de notre part.
Pendant que nos enfants comprennent
que nous pensons que ce monde est une dune infranchissable
et nous montrent à travers leurs angoisses l’immobilisme qui nous habille et qui nous coiffe,
nos nouveaux prophètes nous répètent la même cantilène
et nous rendent coupables de leur propre impuissance.
Et cachés sous la couette nous les contemplons
dans notre abri antiatomique de coton et d’air.
On remarque aussi, toujours dans un besoin de clarté,
que les peurs de nos enfants, leur rage, est notre meilleur prétexte pour passer notre tour.
Mais je ne sais pas le dire ainsi.
Je préfère
les touches élimées du piano auscultent les mains d’un musicien trop stressé pour être honnête :
le concert est un désastre
ou encore
à foison les foules boivent leur thé brûlant sur les fondations d’un vaisseau écartelé
© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR
***

VOUS ME LE COPIEREZ CINQUANTE FOIS…


Je suis près de toi
Je suis prés de toi
Je suis preux de toi
Je suis proue de toi
Je suis pieux de toi
Je suis poreux parfois
Je suis prêt de toi
Je suis prompt de toi
Je soupirais de toi
10 Je soupe près de toi
Je sourds près de toi
Je suivrai tout de toi
Je suivre toi
Je suis ivre de toi
Suie de toi
Feu fou de toi
Je me perds de toi
Je suis près de toi je disais
Je suis après toi
20 Parfois je suis âpre de toi
Je suis prié de toi
Je suis pris de toi
Je suis peu ou prou toi
Je suis prompt de toi
Je suis promis de toi
Je suis prolixe de toi
Je suis projet de toi
Mais il faut le réécrire je suis près de toi
Je suis prêche de toi
30 Précisément
Je suis précoce de toi
Je suis prime de toi
Je suis prisé de toi
Je suis épris bien sûr
Je suis épi de toi
Je supplie de toi
Je soupire de toi
Jeux de toi
J’ai appris de toi
40 J’ai surpris de toi
J’ai pris de toi
J’ai précis de toi
Je précise de toi
Je prémisse de toi
Je prémices de toi
Je prône de toi
Je prime de toi
Je suis près prêt
Près preux proue
50 Je suis toi

© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR
***

CONTRE LES CARAPACES
Les paroles sont lumière
Invariablement
Elles transpercent
Les crépuscules

© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR
***

LIGNES
Envie d'été
D'effacer des routes
Déjà tracées

© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR
***

48e Rue
La nuit
Le bal
Discipliné
Des ombres
Impossibles


(Photo courtoisie F.R.)
(Photo courtoisie F.R.)
***

Brooklyn Bridge
Le vent glacial
N'effraye pas
Un noir courbé
Qui semble chanter
Seul
Sous ta harpe inutile.
(Photo courtoisie F.R.)
(Photo courtoisie F.R.)
***

ORAGES

après le vent
je me plie devant
le hasard des perpendiculaires
les angles sans hommages
les textures nouvelles
les nouveaux chemins que je dois parcourir
c'est ainsi


© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR
***

A NOUVEAU
On retrouve des couleurs
Qui vont bien finir par nous convaincre
Qu'à nouveau nous avons réussi
A laisser l'hiver derrière nous

© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR
***

SANS FILTRE
Derrière la fenêtre
Il y a des jours
Où rien
N’est invraisemblable.

© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR
***

ETRE TROMPÉ

J’ai attendu les épis, les miroirs,
et les rails se sont brisés sous le poids de lumières médiocres.
J’ai attendu les paroles pleines
et je n’ai trouvé
que des papiers tachés
des fragments muets de moi même
épars
écrasés
sur un mur antique aux bas reliefs perdus.
Une jungle incongrue
étouffe les soirées où la peur nous prend
la peur de nous prendre pour un autre
la peur qu’on nous prenne pour des bribes
d’homme.
Qui sait quel est le cap à suivre
pour réunir tous ces cumulus déchirés
et défendre les paroles.
De quel côté de la balance
nos lettres deviendront le lest
indispensable.
La lumière du verbe
n’est pas celle qu’on croit.

© Miguel Angel Real - DR
© Miguel Angel Real - DR

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