ALEX CHICO
POEMAS DE “HABITACIÓN EN W”, La isla de Siltolá, Sevilla 2014
Traduits de l'espagnol par Miguel Ángel Real
SOBRE UN TEMA DE BLAS DE OTERO
Pregunto por la distancia
entre el libro y la vida
y accedo a la ventana para ver el mundo.
Una comarca indescifrable se abre paso
y me quedo a mitad de camino.
Establezco un pacto secreto con alguien
que asoma entre líneas.
No es más que un rostro oculto
a la espera de un nombre.
Se detiene el lenguaje
y descubre su función de siglos:
definir, en su justa medida,
las sombras que se deslizan
sobre una casa extranjera.
Pregunto por la distancia
y compruebo que no existe espacio
entre uno y otro punto.
Solo una extraña manera de permanecer,
de fingir,
de estar atento.
Aparentar que somos uno
cuando, al observar por la ventana,
también mentimos.
SUR UN THEME DE BLAS DE OTERO
Je m'interroge sur la distance
entre le livre et la vie
et j'accède à la fenêtre pour voir le monde.
Une contrée indéchiffrable se fraye un passage
et je reste à la moitié du chemin.
J'établis un pacte secret avec quelqu'un
qui pointe entre les lignes.
Ce n'est qu'un visage caché
en attente d'un homme.
Le langage s'arrête
et il découvre sa fonction séculaire :
définir, à leur juste mesure,
les ombres qui glissent
sur une maison étrangère.
Je m'interroge sur la distance
et je constate qu'il n'existe pas d'espace
entre un point et un autre.
Rien qu'une étrange manière de rester,
de feindre,
d'être attentif.
Prétendre qu'on est un
quand, en observant par la fenêtre,
nous mentons aussi.
ENCUENTRO
Somos el paisaje que ahora observamos.
Somos las aguas detenidas creando bancales.
Somos un lugar remoto
y su proximidad al leerlo.
Somos el revés de una ciudad soñada.
Somos este entorno lleno de valles.
Su densidad cuando, al prevenirnos,
también nos expone.
Somos ese límite del mundo
que construyó murallas.
Somos su forma de aislarnos.
Somos un cementerio de Yuste,
con ciento ochenta tumbas de soldados alemanes.
Somos memoria común
y, por familiar, callada.
Somos la moneda que alberga
en una misma cara ida y regreso.
Somos un paseo a media tarde.
Somos cada uno de los palacios
que recuerdan un esplendor clausurado.
Somos ese instante perpetuo
a partir de unas pocas, sencillas verdades.
Somos el abandono y las ruinas,
la geografía de una naturaleza póstuma siempre.
Somos el río a su paso por una isla talada.
Somos esa encina solitaria que,
al llegar la noche, dialoga con el pasado.
Somos un territorio del suroeste de Europa.
Somos lugares de tránsito,
sus estaciones y sus dársenas.
Somos las vías de un tren regresando a Lisboa.
Los barcos sumergidos en el golfo de Nápoles.
Las islas por siempre varadas
de los mares de Grecia.
Somos la fotografía que se olvidó
sobre una mesa.
Somos el recuerdo de alguien que no existe,
mientras fija su perfil en los muros
desconchados de una ciudad del sur.
Somos esa luz que hacia dentro se dirige.
Somos amigos.
Eso nos basta.
RENCONTRE
Nous sommes le passage que nous observons à présent.
Nous sommes les eaux arrêtées qui créent des terrasses.
Nous sommes un endroit lointain
et sa proximité quand on le lit.
Nous sommes l'envers d'une ville rêvée.
Nous sommes cet environnement rempli de vallées.
Sa densité quand, en nous prévenant,
il nous expose aussi.
Nous sommes cette limite du monde
qui a construit des murailles.
Nous sommes sa façon de nous isoler.
Nous sommes un cimetière de Yuste,
avec cent quatre-vingt tombes de soldats allemands.
Nous sommes la mémoire commune
et, en tant que familière, non dite.
Nous sommes la monnaie qui héberge
sur un seul côté l'aller et le retour.
Nous sommes une promenade au milieu de l'après-midi.
Nous sommes chacun des palais
qui rappellent une splendeur clôturée.
Nous sommes cet instant perpétuel
à partir de quelques vérités simples.
Nous sommes l'abandon et les ruines,
la géographie d'une nature toujours posthume.
Nous sommes le fleuve qui traverse une île élaguée.
Nous sommes ce chêne vert solitaire qui,
quand la nuit arrive, dialogue avec le passé.
Nous sommes un territoire du sud-ouest de l'Europe.
Nous sommes des lieux de passage,
leurs gares et leurs quais.
Nous sommes les voies d'un train qui retourne à Lisbonne.
Les bateaux coulés dans le golfe de Naples.
Les îles à jamais échouées
des mers de Grèce.
Nous sommes la photographie oubliée
sur une table.
Nous sommes le souvenir de quelqu'un qui n'existe pas,
pendant qu'il fixe son profil sur les murs
écaillés d'une ville du sud.
Nous sommes cette lumière qui se dirige vers l'intérieur.
Nous sommes des amis.
Cela nous suffit.
LA CURA
A veces todo lo importante
sucede en una minúscula fracción de tiempo:
el dibujo que alguien traza mientras cae,
la linea trasparente del curso del agua.
Ambos vuelven de lejos
y se reúnen con otra corriente más lejana.
La grieta se abre y nos descubre,
en su profundidad, una razón oculta.
(La alegría que supone vivir a solas
cuando te protegen ciertos seres,
igualmente invisibles.
La forma de estar en otros.
Los aplausos de un auditorio en ruinas.
La piel al descamarse lentamente por el frío).
Basta solo un minuto
para conocer las leyes del mundo.
Un fragmento.
Una pieza, mínima e insignificante,
capaz de enseñarnos
que resulta todo en ocasiones.
También vivir.
LA CURE
Parfois tout ce qui est important
arrive en un minuscule lapse de temps :
le dessin que quelqu'un trace pendant qu'il tombe,
la ligne transparente du cours de l'eau.
Tous deux reviennent de loin
et se réunissent avec un autre courant plus lointain.
La fissure s'ouvre et nous découvre,
dans sa profondeur, une raison cachée.
(La joie que suppose de vivre seul
quand certains êtres te protègent,
également invisibles.
La façon d'être en d'autres.
Les applaudissements d'un auditoire en ruine.
La peau qui desquame lentement à cause du froid).
Il suffit seulement d'une minute
pour connaître les lois du monde.
Un fragment.
Une pièce, minime et insignifiante,
capable de nous apprendre
qu'elle devient tout parfois.
Vivre aussi.
NOSOTROS, LOS SOLITARIOS
Hay un reflejo y es efímero.
Ni siquiera la sombra nos acompaña.
Este domicilio de nadie
está en penumbra.
Así conservamos el aire,
los pocos alimentos
que nos mantienen aún con vida,
las paredes y su extraña palpitación
al ser golpeadas.
Fuera, el viento convierte en óxido
los goznes de la puerta,
los pliegues ya inservibles de las ventanas.
Y, sin embargo, conseguimos perpetuarnos.
Con alegría enferma,
en palabras de Ungaretti.
Salimos de la cueva
y pisamos la tierra con fuerza.
Alguien sentirá nuestro temblor
en otra parte.
Las sombras, al juntarse,
construyen algo parecido a la luz.
NOUS, LES SOLITAIRES
Il y a un reflet et c'est éphémère.
Même l'ombre ne nous accompagne pas.
Ce domicile de personne
est dans la pénombre.
Comme ça nous conservons l'air,
le peu d'aliments
qui nous maintiennent encore en vie,
les murs et leur étrange palpitation
quand ils sont frappés.
Dehors, le vent transforme en rouille
les gonds de la porte,
les plis finalement inutiles des fenêtres.
Et, pourtant, nous arrivons à nous perpétuer.
Avec une joie maladive,
en termes d'Ungaretti.
Nous sortons de la grotte
et nous foulons la terre avec force.
Quelqu'un ressentira notre tremblement
ailleurs.
Les ombres, en s'unissant,
construisent quelque chose qui ressemble à la lumière.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire