dimanche 13 décembre 2015

Homo sum, humani nihil a me alienum puto

Depuis janvier, on semble divisé: être ou ne pas être Charlie, être ou ne pas être Paris, pray for Paris (or not). Que de querelles stupides.
La question n'est pas de s'identifier pleinement à Charlie ou pas. J'ai été étonné d'entendre certains commentaires qui, sous couvert de prudence intellectuelle, tendaient in fine à justifier ces attentats. Il y a derrière tous ceux qui ne "comprennent" pas les caricatures ou les articles de ce journal, une explication inavouable -manque de franchise, de courage-: ils n'avaient qu'à être plus prudents, plus mesurés. Ils ne comprennent pas qu'on ne touche pas au prophète, etc etc.
Ils n'avaient qu'à... ne pas être eux mêmes. La liberté de la presse, quelle qu'elle soit, n'est pas négociable. Si on se demande quelles sont les valeurs qui nous réunissent, celles-ci doivent s'appuyer sur le dialogue, sur le contraste, sur le débat.
Sur la parole.
Mais peu importe. La phrase latine de Terence (165 a.C.) devrait être le point derrière lequel on rassemblerait tous ceux qui croient en l'homme. A l'heure où l'on parle de "civilisation", où certains se plaignent même que l'on appelle obscurantistes certains "états", (le prétentieux occident contre le reste du monde que l'on soumet) la question est de savoir à quel point nous sommes humains. Jusqu’où sommes-nous concernés par la violence, par la mort et la souffrance d'autrui. Voilà le message, on ne peut plus clair, de Terence. "Je suis humain: rien de ce qui est humain m'est étranger".
La vrai différence est là. Si nous perdons notre capacité de compassion envers les êtres humains (voyez-vous: des humains, sans frontières, sans drapeaux, sans pouvoir se réfugier derrière un livre dicté ou non par le souffle divin), nous sommes perdus.
Je suis Charlie, je suis Paris. Oui. Mais je ne voudrais surtout pas oublier de rester humain. C'est là que doit se trouver la véritable limite de "notre" civilisation.
Pour combattre ceux qui défendent leurs idées par le sabre et ceux qui seraient tentés de trouver cette lutte juste.
Car les vrais opprimés ne sont pas occidentaux, africains, orientaux, que sais-je: ce sont ceux qui sont morts.

Aucun commentaire:

Reseña de DESVESTIR EL CUERPO, de Jesús Cárdenas

 Jesús Cárdenas, Desvestir el cuerpo, Lastura 2023 ¿Qué son las palabras ? ¿Y si no dan más de sí ? Estas inquietudes, propias de un escri...