La pianiste arrive, sereine et féroce,
s'incline
et dépose sans fulgurances
les partitions pesantes de passé
pour graver l'avenir dans le soir qui se couche
en dessinant des lunes comme des tempêtes.
Ses doigts sont un espoir ou une réponse
qui franchit sans pilote nos rivières de glaise,
et nos sens figés sur le noir d'un son-réverbère
apprennent à oublier les évidences.
Aucun abri ce soir: si on la regarde
elle crache un sourire à l'encre
aux âmes qui grelottent
et en refusant les aquarelles
elle devient conquérante.
Sa veste blanche ne chancelle pas,
déterminée de poivre pour que le monde soit.
Vouloir vivre est le pari
de ses mains de sarment :
fissurer les armures,
fuir
les routines de plastique et d'herbe piétinée
et atteindre l'instant-antidote
contre le givre promis.
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